Un jeu de paume à Rennes
Cette année le sport est à l’honneur dans notre pays !
Et cet évènement comme l’indique l’article Les sports en France de l’Antiquité à nos jours : une histoire, un patrimoine permet la création de nouvelles infrastructures sportives qui vont s’installer et évoluer dans le temps.
Cette manifestation sportive internationale est donc une parfaite occasion pour rappeler qu’une remarquable salle du jeu de paume, appelée salle du Pélican, a été étudiée par Elen Esnault archéologue spécialiste du bâti, étude archéologique qui a également été enrichie d’une analyse documentaire menée par Pierre Poilpré, spécialiste des sources historiques et archives.
Fig. 1 : Localisation de l’opération Jeu de paume, salle du Pélican, sur le fond cadastral actuel © A. Desfonds-Inrap
En effet, c’est lors d’une opération archéologique dirigée par Romuald Ferrette dans le centre-ville de Rennes en 2014 au 10 et 12 rue Saint-Louis, que cette découverte exceptionnelle par son état de conservation a révélé une architecture datée de 1607 et une histoire précise sur le déroulement et les enjeux du jeu de paume.
Fig. 2 : Hypothèse de restitution © Elen Esnault-Inrap
Fig. 3 : Hypothèse de restitution © Elen Esnault-Inrap
Pierre Poilpré quant à lui nous offre une étude documentaire passionnante qui nous renseigne dans un premier temps sur l’histoire de la salle de jeu de paume qui fût la propriété de grandes familles bourgeoises en fonction des héritages ou des ventes du lieu. Cette salle du Pélican n’était vraisemblablement pas unique car de nombreuses structures de ce type existaient dans le même temps, implantées bien souvent en périphérie de la ville compte tenu de l’espace nécessaire à leur construction.
Certaines ont été transformées par la suite en manège, en salle de spectacle ou encore en halles, la salle du Pélican en revanche s’est transformée en chapelle. Dans un second temps, c’est le jeu lui-même qui est présenté. Le jeu de paume, l’ancêtre du sport à raquette, était semble-t-il très lucratif : l’entrée était payante, les joueurs étaient rémunérés et on comptait de nombreux paris.
Les règles de ce jeu sont à découvrir dans cette étude, à sa lecture vous découvrirez le rôle du maître-paumier, le nom de la boule que l’on frappe : l’esteuf et vous comprendrez alors l’origine de l’expression « jeu de main, jeu de vilain ».
Fig. 4 : Le jeu royal de la paulme, Charles Hulpeau, 1632, gravure sur bois, BNF, Paris
« Initialement, le jeu se pratique à main nue. Les premières représentations des joueurs datent du XIVe siècle où les personnages frappent de la main un « esteuf », balle de bourre de poil et d’étoupe de laine recouverte d’une peau de mouton cousue. La main, d’abord protégée par un gant de cuir, est ensuite prolongée par un battoir en bois. La première mention de raquette, introduite progressivement par la suite, date de 1505. Elle était d’abord l’apanage des plus aisés d’où l’expression « jeu de main, jeu de vilain ».
© Elen Esnault-Inrap
Ferrette et al. 2015
FERRETTE (R.) dir., ESNAULT (E.), BESOMBES (P.-A.), BRISOTTO (V.), DESFONDS (A.), LABAUNE-JEAN (F.), LEBLANC (P.), LEPETZ (S.), DELAGE (R.), POILPRÉ (P.), SIMON (L.), POMMIER (V.), LE PUIL-TEXIER (M.) — Le jeu de paume du Pélican, 10 et 12 rue Saint-Louis, Rennes (Ille-et-Vilaine) : rapport de fouille. Cesson-Sévigné : Inrap GO, 2015. 321 p. lien Zotero
https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0139007
Pour aller plus loin
Dufour 2024
DUFOUR (J.-Y.) dir. — Archéologie et histoire des jeux de paume en France : De Versailles à la Marseillaise (XVIe-XVIIIe siècle). Paris : Inrap : CNRS éditions, 2024. 419 p. (Recherches archéologiques ; 26). lien Zotero
https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0177925
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Christine Boumier (19 août 2024). Un jeu de paume à Rennes. ArchéO'liens. Consulté le 13 octobre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/128ng
